King Suckerman (Georges Pelecanos, 1996)

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Natif de Washington DC, Georges Pelecanos a fait de sa ville la toile de fond d’un triptyque policier suivant les basques de Marcus Clay, grand noir vétéran du Vietnam, disquaire de son état et ami de Dimitri Karas, petit dealer grec. Pour ce premier volet paru en 96, il ancre l’action dans une recréation fantasmée des 70s à la mode blaxploitation, un univers autoreferentiel où se croisent mafieux, virées funky, petites pepées, fusillades explosives et blanche sniffée par kilo. La trame n’a ici qu’un rôle fonctionnel, l’écrivain se focalisant essentiellement sur les traits distinctifs d’une faune de gangsters cool et d’une jeunesse ivre de défonce. L’arrière-plan humain et social dépeint dans de rares épisodes laisse surtout place à un canevas de série-B quelconque revisitée à la mode nostalgique. Une tarantinade souffrant de mécaniques usées et d’une indigestion de clichés et références culturelles conférant à l’œuvre un cachet très superficiel, impression que ne fait que renforcer un prima sur des dialogues envahissants se distinguant surtout par leur platitude. Dans sa seconde partie, Pelecanos parvient enfin un peu à humaniser ses personnages colorés, leur donnant des plages lasses ou fragiles, et ancrer la confrontation à distance et l’emballement final dans la tension d’une ville en fête. Pour un roman ne dévoilant malheureusement jamais un regard personnel et se laissant porter sur les rails faciles d’une nostalgie sans grande saveur. Not so funky, dude.

Written by NR

novembre 6, 2011 à 8:40

Publié dans Littérature

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